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Faisaient vibrer les bois de leurs notes stridentes.
Et les deux Indiens, dans leurs âmes ardentes,
Éprouvaient le besoin de s’envoler comme eux.

Domagaya pourtant, sous les grands bois ombreux,
Poursuit, armé d’un arc qu’il fit d’un jeune frêne,
Un oiseau gigantesque au plumage d’ébène.
Il est bien loin déjà. Ses compagnons, surpris,
Jettent pour l’appeler, tour à tour de vains cris.
Il court comme un chevreuil sur le tapis de mousse,
La liberté jamais ne lui parut si douce.

Au sommet élevé d’un odorant sapin,
Fatigué d’un long vol, l’oiseau s’arrête enfin,
Croyant avoir vaincu le chasseur insensible.
Domagaya, joyeux, bande son arc flexible
Et s’apprête à percer l’oiseau peu vigilant,
Mais il a tardé trop. Une flèche, en sifflant,
De l’arbre balsamique atteint la haute cime,
Et d’un autre chasseur l’oiseau tombe victime.

Étonné, l’Indien ne sait plus que penser.
La surprise ou la peur l’empêchent d’avancer.
Est-ce un enfant des bois qui vient à sa rencontre ?
Est-ce un bon Manitou qui devant lui se montre