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LA DÉCOUVERTE DU CANADA

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Tu traces sur la mer de lumineux sillons.
L’oiseau sèche son aile à tes brûlants rayons.
Salut, astre béni ! Mais où sont les carènes
Que le vent emporta loin des plages sereines,
Pendant que dépouillé de ton éclat si doux,
Tu te cachais d’effroi loin du ciel en courroux ?

Comme un oiseau blessé par la flèche stridente
S’efforce de s’enfuir, et, d’une aile pendante,
Rase les prés en fleur et les champs de gazon,
Un navire dérive au bord de l’horizon.
Des cordages rompus, des voiles déchirées
Voltigent au-dessus des vagues azurées,
Comme les blancs flocons que les jeunes agneaux
Accrochent, en passant, aux nœuds des arbrisseaux.

Cependant les marins pleins d’un nouveau courage,
Réparent le désordre apporté par l’orage,
Et la gaîté renaît. Le vaisseau diligent,
S’ouvre un large sillon sur la vague d’argent.

Le ciel veille sur toi. Vogue, joli navire ;
Vainement la géhenne a rallumé son ire.
Le démon de la mer, honteux et confondu,
Dans son antre de boue est déjà descendu.