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Pour retomber encor dans le gouffre béant.
On dirait que tout sombre et s’abîme au néant.

De plus en plus aux cieux les ombres s’épaississent,
Sous les efforts du vent les mâts craquent, gémissent ;
Les ponts sont balayés par des flots écumants.
Et le tonnerre unit ses longs mugissements
Aux sanglots de la bise, aux grondements des vagues ;
Et les éclairs blafards jettent des lueurs vagues
Dans le chaos des cieux et des mers confondus.
Et les vaillants bateaux, dans les ombres perdus,
Voguent séparément au gré de la tempête.
Devant l’arrêt du ciel Cartier courbe la tête.
Il espère toujours. Et chrétien et marin,
Au milieu de l’orage il demeure serein.

La nuit qui sur la mer vient d’étendre son aile,
À cet affreux tableau donne une horreur nouvelle.
Le pilote, au hasard, guide son bâtiment
Que paraît engloutir le terrible élément.
Il ne saurait rien voir qu’aux éclats de la foudre.
Tout va, lui semble-t-il, être réduit en poudre...
Mais le vaisseau revient sur le flot agité,
Comme un noble escadron qui, cent fois culbuté,