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L’oiseau des ouragans sur les ondes folâtre.
Le vent siffle soudain. Sur l’océan verdâtre
Il passe, dirait-on, un frisson de fureur.
Le soleil s’est caché ; la nuit, pleine d’horreur,
Dans les replis des flots bercent de lourdes ombres.
Debout au pied des mâts, les marins, tristes, sombres,
Sentent un vague effroi s’emparer de leur cœur,
Et demandent au ciel d’éloigner le malheur.

Cartier s’approche d’eux. Son regard est tranquille.
Il ne s’agite point d’une crainte inutile.
Son esprit reste calme en face du danger ;
Le Seigneur, qu’il bénit, saura le protéger.
Il parle aux matelots, et sa voix les engage
À demander à Dieu la force et le courage.
Sa parole à leur cœur rend la sérénité,
Et chacun prend son poste avec tranquillité.

Et voilà qu’un éclair a déchiré la nue,
Et de tous les agrès monte une plainte aiguë.
Par un vent furieux les navires fouettés,
Inclinent leurs flancs noirs sur les flots irrités.
La mer comme un volcan semble lancer des flammes ;
Les bateaux sont portés à la cime des lames,