Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée


Dans le flanc limoneux d’un verdâtre rocher,
Où le reptile impur se plaît à se cacher,
Le perfide démon a choisi sa demeure.
C’est là que, soucieux, il se trouve à toute heure,
Tramant contre le ciel, pour tromper son ennui,
Des projets que souvent Dieu tourne contre lui.

Le paresseux polype et l’impure limace
Agitent à ses pieds leur glutineuse masse.
Il tient, au lieu de sceptre, un roseau dans sa main,
Sa barbe, touffe glauque, est flottante à son sein,
Et sur son cou nerveux sa longue chevelure
Semble d’un tronc vieilli la mousseuse ramure.
Quand il voit arriver l’envoyé des enfers,
Il sourit en secret d’un sourire pervers :

― « Que demande, dit-il, à ma faible puissance,
Le glorieux Esprit dont la seule présence
Faisait trembler, jadis, l’orgueilleux Roi du ciel ?
Que demande, dis-moi, notre Prince immortel ? »
― Ton secours, roi des mers, dans une grande lutte...
« Aux menaces des cieux il est toujours en butte.
Voilà que maintenant un lâche adorateur
De ce tyran jaloux, de ce persécuteur