Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/29

Cette page n’a pas encore été corrigée


Invisible à ses yeux, l’ange avait à son âme
Fait entendre longtemps sa parole de flamme.
Un trouble inexprimable agitait ses esprits.
Il voyait s’élever devant ses yeux surpris,
Comme au milieu des mers un magique mirage,
Les bords voluptueux d’un monde encor sauvage.
Dans ce monde nouveau, bien des peuples obscurs
Venaient, devant la croix, honnir leurs dieux impurs,
Et dire au Tout-Puissant une ardente prière.
Le sommeil bienfaisant fuyait de sa paupière.

Il marchait à grands pas. Sur le pont du bateau
Son pied retentissait comme un coup de marteau.
Il était obsédé par son rêve sublime,
Et sentait que le ciel, dans un langage intime,
Le pressait de chercher ces rivages nouveaux
Qu’il avait entrevus à l’occident des eaux.

Et, pendant qu’il marchait comme un homme en délire,
Une longue nacelle aborda le navire.
Deux marins la guidaient sur les flots ténébreux :
Jalobert, LeBreton, deux amis généreux
Dont les jolis vaisseaux étaient mouillés en rade.
Ils venaient saluer leur noble camarade.