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Toujours il reconnaît ta force et ta beauté,
Mais ce n’est pas vers toi qu’il va, sainte cité.

Quels lieux cherche-t-il donc, ce courrier intrépide ?
Il est un havre sûr où la vague limpide
Sous le souffle des vents n’a jamais de sanglots,
Mais tressaille à la voix des vaillants matelots
Qui chantent leurs espoirs en des stances ardentes.
Cent navires, tenus par des ancres mordantes,
Comme de fiers coursiers qu’une puissante main
Arrête tout à coup sur le bord du chemin,
Attendent le départ ou fêtent l’arrivée.
C’est ton port, Saint-Malo, c’est la gloire rêvée.
Et c’est là que descend le divin voyageur.
L’occident resplendit d’une vive rougeur.
Le long des bords riants glisse l’humble gondole.
Le soleil semble orner d’une immense auréole
Le front pur de la mer qu’il dore en se couchant.
L’Angélus du soir sonne. O spectacle touchant !

Les pieux matelots chantent l’Ange et Marie...
Mais quel est donc, là-bas, ce marinier qui prie ?
Il est agenouillé sur le pont du vaisseau,
Quand les autres, déjà, reprennent de nouveau