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J’ai vu, tout près, assise, une femme plus blanche
Que l’écume des flots où la lune se penche,
Plus belle que la fleur éclose le matin.
Son langage, plus doux qu’un chant d’oiseau lointain,
Faisait, aux alentours, palpiter le feuillage.
Ses vêtements de neige, et son noble visage,
Brillaient comme un foyer dans les soirs de grands froids.
Ses bras avec amour enveloppaient la croix.

« Écoute, me dit-elle, ô ma pauvre Indienne,
Écoute les conseils de la Vierge chrétienne.
J’ai porté dans mon sein le Fils du Grand-Esprit.
Le Grand-Esprit peut tout. Heureux ceux qu’il chérit,
Car il ne permet pas que le mal leur arrive.
Il aime les tribus qui peuplent cette rive,
Et c’est pour leur apprendre à saintement prier
Que vers elles, un jour, vint un pieux guerrier.

« Les Blancs sont ses amis. Ils sont cléments et braves ;
Ils n’apporteront pas de cruelles entraves
Au poignet vigoureux de l’homme des forêts,
Mais d’un bonheur plus grand lui diront les secrets.
S’il osait cependant renverser la croix sainte,
Le Grand-Esprit du ciel écouterait la plainte
Des guerriers d’Orient qui vont bientôt venir,
Et le ferait alors cruellement punir.