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La charité divine était une inconnue.
Un guerrier dit :
                    « Un jour une barque est venue,
Mais pour troubler, hélas ! la paix de nos vieux jours...
Le grand Chef pleure encor sur ses fils, ses amours. »

La cabane s’ouvrit. Haletante, effarée,
Comme le cerf atteint d’une flèche acérée,
Une jeune Indienne entra soudainement.
Son oeil étincelait comme le diamant ;
Son corps svelte, élancé, pliait comme le frêne.
Sur l’épaule et le bras ses longs cheveux d’ébène
Étendaient mollement un voile de pudeur.
De l’arc ses noirs sourcils égalaient la rondeur.
Du feuillage d’hiver son front mélancolique
Avait, en ce moment, la teinte métallique.

Cette femme, c’était la douce Naïa,
Naïa, fiancée au fier Domagaya.
Elle vient vers le Chef.

                           ― « Je ne sais pas, dit-elle,
Si tu daigneras croire à ce récit fidèle
Que va faire à la hâte une naïve enfant.
N’attaque pas la croix, un Esprit la défend.