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irs.

L’église dressait là son épaisse muraille
Et paraissait un fort. Sans repos la mitraille
Pleuvait de tous côtés par les châssis béants...
C’était un beau combat, un combat de géants !

Parmi les assiégés plusieurs n’avaient pas d’armes.
Ils s’en plaignaient. Chénier leur dit avec des larmes :
― Attendez, mes amis ! Ni plaintes, ni remords...
Vous prendrez dans l’instant les armes de nos morts !

Tu n’étais pas, Chénier, de ces citoyens lâches
Qui n’osent accomplir les périlleuses tâches,
Et cachent leur terreur sous le prétexte vain
Qu’il faut dans tout pouvoir admettre un droit divin ;
Qu’il faut s’agenouiller et souffrir en silence,
Quand le droit profané se change en violence !

Ô peuple, si tu fais de tes droits l’abandon ;
Si tu réponds toujours par un lâche pardon
Aux outrages nouveaux des éternelles haines,
Tu perds le sens du droit, tu te forges des chaînes !
On n’a point de respect pour ton sceptre avili ;
Tu descends promptement au gouffre de l’oubli ;
De tes soldats tombés nul ne garde mémoire,
Et ton drapeau muet ne chante aucune gloire !