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                                 Montgomery le brave,
Immobile et muet, suivait toujours, des yeux,
Le spectacle étonnant qui se passait aux cieux.
Mais les glaives, bientôt, n’eurent plus d’étincelles,
Et l’ardeur s’éteignit dans les fauves prunelles
Des soldats éthérés. La femme, peu à peu,
Se fondit dans la nuit comme la cire au feu.
Et les deux étendards, changés en noirs nuages,
Lançaient de leurs replis le vent et les orages.
Montgomery baissa son front ruisselant d’eau :
Il tira lentement le sabre du fourreau.
Un éclair s’échappa de la pointe aiguisée.

― « Ô mon pays », dit-il... Et sa voix épuisée
Se perdit dans l’orage... O mon pays aimé,
Suis-je l’ange vaincu qu’un prodige innommé
Vient de me faire voir ? O ma noble bannière,
Nous tomberons tous deux dans la même poussière !
Plongeant, au même instant, dans la nuit son regard,
Il voit l’Esprit vainqueur debout sur le rempart.
La femme, à ses genoux comme une esclave, rampe.
Et l’Esprit tient serré la glorieuse hampe
De l’étendard anglais. La femme a rejeté
Le voile de vapeur qui cachait sa beauté,