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Le Huron, expirant, de son sang tiède arrose
Le grain qu’il a jeté dans le nouveau sillon ;
Et le cruel vainqueur avec orgueil repose,
Sur son pâle cadavre, un regard de démon.

Les cris et les sanglots de ce peuple qui meure,
Retentissent au loin, sur l’onde et dans les bois.
Les mères sur leur sein pressent l’enfant qui pleure,
Et vers le champ de mort s’élancent à la fois.

La hache au dur tranchant, et la flèche sifflante,
Frappent sans les troubler ces chrétiens aux cœurs forts.
Et la bande iroquoise, un moment chancelante,
Recule de terreur, mais double ses efforts.

En vain, peuple martyr, ton courage s’embrase,
L’ennemi t’emprisonne en un cercle fatal.
Tel un cruel boa dans ses orbes écrase
Le taureau mugissant qui broute au fond du val.

Le vieux chef, malgré tous, se précipite et tombe...
La mort bientôt fera son lugubre monceau...
Deux frères ont hélas ! trouvé la même tombe,
Comme ils n’eurent tous deux que le même berceau.