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Les rameaux de la vigne, où circule la sève,
Versent l’ombre autour d’eux, sur le champ diapré,
Et le trèfle odorant avec grâce relève,
Au milieu du gazon, son beau front empourpré.

Le bouvreuil, en sifflant une cantate douce,
Vole de cime en cime, au bord de la forêt ;
Ou, pour tisser son nid, cueille des brins de mousse
Emportés par le vent sur le tiède guéret.

Les Hurons matineux, que la sueur inonde,
Ensemencent leurs champs, sans autre anxiété
Que celle de savoir si la glèbe féconde
Sera jaune d’épis au soleil de l’été.

De leur retraite, alors, les Iroquois farouches
S’élancent en poussant d’épouvantables cris.
La flamme est dans leurs yeux, l’outrage, dans leurs bouches.
Ils cernent les Hurons désarmés et surpris.

Dans cet affreux combat, c’est l’autour qui se noie
Dans le sang généreux des timides agneaux.
C’est le tigre altéré qui déchire et qui broie
Les cerfs inoffensifs qui boivent aux ruisseaux.