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Vogue ! Le ciel sourit à ton noble dessein.
Toutes voiles dehors, vogue avec ton essaim
De paisibles semeurs et de marins agiles,
Vers les caps dénudés et les vertes presqu’îles,
Qui dentellent la mer sous le ciel du couchant !

Ô le murmure doux ! Ô le soupir touchant !
Qui s’attardent là-haut, parmi tes longs cordages !
C’est l’adieu de la France, à l’heure où ses rivages
Sombrent là-bas ; à l’heure où ton blanc pavillon
N’est plus qu’un lis d’écume aux crêtes du sillon.

Et toujours, et bien loin, sous la constante brise,
Le vaisseau fuit. Rapide, il fuit sur la mer grise,
Ruisselant de soleil ou mouillé de brouillards.
Les voyageurs gaîment montent sur les gaillards.
Doucement s’endormit le bercement des ondes.
La brume noya tout.
Un soir, des lueurs blondes
Rayonnent tout à coup dans son grand voile blanc.
Le vent fraîchit. Penchant, tout gracieux, son flanc
Au souffle inespéré qui gonfle la voilure,
Le navire a repris une vaillante allure.

Il entre dans le fleuve. Il sillonne des flots
D’ou l’on voit émerger îles, rochers, îlots ;