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Alors de tous côtés des clameurs retentissent.
Dans les carquois de peau les javelots frémissent.
Le généreux marin se croit enfin perdu,
Mais il ne mourra pas sans s’être défendu.
Il est bien mieux armé que cette race impie,
Et veut lui vendre cher sa glorieuse vie.

Une voix cependant domine les clameurs,
C’est la voix du grand Chef :
                                 ― « Guerriers aux nobles cœurs,
Je ne crois pas, dit-il, que ce Blanc soit un traître :
Nous l’avons vu lutter contre son cruel maître ;
Et nous l’avons aussi vu nager vers le bord,
Pour fuir, comme il l’a dit, une sanglante mort.
Mais il n’est pas besoin, ô guerriers, ce me semble,
Que sur ces bâtiments nous montions tous ensemble.
Le bruit que nous ferions pourrait donner l’éveil.
Il vaut mieux les surprendre au milieu du sommeil.
Qu’avec lui seulement s’avancent quelques braves ;
Si, retenus captifs, on les charge d’entraves ;
Si nous sommes trahis par l’infâme étranger,
Ô guerriers, soyons prêts, demain, à nous venger ! »

Il dit, et les guerriers, sortant de leur silence,
Approuvent son discours par un murmure immense.