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Cet homme, c’est Cartier. Nous détestions sa loi,
Celui qui l’a frappé, je m’en vante, c’est moi.
Et je n’ai point par là commis une injustice.
Le cœur de ce marin était plein d’avarice.
Malgré nous vers la France il voulait ramener
Un vaisseau qu’en partant nous devions vous donner,
Comment en guider trois vers nos lointains rivages,
À peine nous formons, hélas ! deux équipages ?

« Un terrible fléau s’est abattu sur nous,
Et les plus vigoureux sont tombés sous ses coups.
Quand nous étions, grand Chef, nombreux, pleins de courage,
Nous n’avons qu’avec peine évité le naufrage,
Comment donc maintenant pourrions-nous l’éviter ?
Et Cartier me choisit, riant, sans hésiter,
Pour conduire un vaisseau sans marins. C’est ma perte.
J’exprimai mon refus. Ma résistance ouverte
Fut de tous mes amis approuvée un moment.
Mais j’étais menacé du dernier châtiment,
Et je savais la mort qui m’était réservée,
Si je ne fuyais pas avant notre arrivée.

« Alors, sur les conseils de mes traîtres amis,
Vous savez le forfait que tantôt j’ai commis.