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Il parle avec lenteur :
                            ― « Grand Chef, écoute-moi.
Tu sembles étonné de me voir devant toi ;
Tu le seras bien plus, si je te dis, sans feinte,
Pourquoi je viens ici te troubler de ma plainte.
Je ne dois plus revoir mon pays bien-aimé.
Hélas ! oui, mon pays m’est à jamais fermé !
La mort m’attend chez nous, la mort dans les supplices.
Ah ! la terre pour moi n’aura plus de délices !
À cet arbre, toi-même, attache-moi sans peur,
Et qu’un trait acéré me perce enfin le cœur !
Ou bien, si tu voulais avant que je périsse,
M’aider à la vengeance ! Ah ! le doux sacrifice
Que celui de mes jours après m’être vengé ! »

Ici, sa molle voix avait soudain changé,
Et son oeil animé semblait rongé par l’ire.

― « J’ai vu, répond le Chef, j’ai vu sur un navire,
Un étrange combat s’élever vers le soir,
Dis-moi ce que c’était. »
                             ― « Oui, vous avez pu voir
Reprit le matelot d’une voix radoucie,
Que l’un des combattants s’est affaissé sans vie.