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Et nous faire captifs ici, sur notre rive.
Mais, avec des guerriers, pour combattre j’arrive.
J’ai soif de la vengeance. Il faut du sang... du sang !
Voici le trait, Cartier, qui nivelle le rang.
Tu mourras comme nous. »
                               Il brandissait des flèches,
Et ses talons durcis broyaient les branches sèches.

― « Tu parles sagement, reprit Donnacona,
Areskouï vers moi, sans doute, t’amena.
Mes guerriers sont tous prêts, et l’heure est favorable.
J’ai vu, sur un navire, une lutte effroyable.
Les matelots entre eux paraissaient divisés.
Plusieurs d’un long combat sont peut-être épuisés.
Ils ne se doutent point de nos trames subtiles ;
Ils dorment confiants. Mais nos canots agiles,
Pleins de braves guerriers, dans l’ombre de la nuit,
À leurs pesants bateaux aborderont sans bruit. »

Puis, il parlait encor, quand soudain, vers la foule
Qui s’agite et frémit comme au vent d’est la houle,
S’avance un guerrier blanc. Ses vêtements mouillés,
D’un sang qui coule encor sont hélas ! tout souillés.
Son front est sillonné par une cicatrice,
Son regard, humble et doux, paraît sans artifice.