Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/125

Cette page n’a pas encore été corrigée


Mais enfin il faiblit. On le serre de près ;
On lui dit de se rendre ; et lui : ― Jamais ! jamais !
Puis, d’un bond furieux écartant tout le monde,
Du haut du bâtiment il s’enfonce dans l’onde...
Bientôt il reparaît, nageant avec effort,
Pour s’éloigner des siens, puis atteindre le bord.

Sur les bois éloignés l’astre du jour se penche,
Et l’oiseau, pour dormir, se perche sur la branche.
Les guerriers indiens, au coucher du soleil,
Doivent se rendre en foule à l’appel du Conseil...
Tout à coup la forêt semble flotter dans l’ombre :
On ne voit que guerriers. Leur chef est grand et sombre.
Hardiment il s’avance, et vocifère ainsi :

― « Oui, le temps est venu de chasser loin d’ici
Ces hommes orgueilleux qui se pensent nos maîtres !
Ils feignent l’amitié, mais je sais qu’ils sont traîtres,
Car moi, Taiguragny, j’ai vécu sous leurs lois.
Ils m’ont de leur dédain accablé mille fois,
Mais plus qu’eux aujourd’hui je suis puissant et libre.
La haine dans mon cœur fait vibrer chaque fibre.
Domagaya sait bien qu’ils sont impérieux ;
Qu’ils veulent s’emparer du sol de nos aïeux,