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Ont-ils fait palpiter vos cœurs fiers et jaloux ?
Savez-vous la vengeance ? O guerriers, savez-vous
Dans un crâne entr’ouvert boire un sang encor tiède ?
Et savez-vous scalper un ennemi qui cède ?
Guerriers de la tribu, voici venir le soir...
La nuit sera discrète et le ciel sera noir. »

C’était le chant cruel que le guerrier sauvage,
À l’approche du soir, hurlait dans le village.
Tout à coup d’un navire il s’élève des cris,
Et les guerriers des bois regardent tout surpris.
Un marin, brandissant une arme formidable,
Est monté sur le pont. Dans sa rage implacable
Contre le commandant il s’est précipité.
Cartier, surpris d’abord, recule épouvanté.
Le matelot toujours le presse et le menace ;
Le héros cependant retrouve son audace,
Et s’élance d’un bond sur le traître agresseur.
Mais un cri retentit, et soudain, ô douleur !
Cartier s’est affaissé sur le pont du navire.
Alors tous les marins, comme dans le délire,
Parcourent en tous sens le pont du bâtiment.
Le meurtrier sur eux s’avance hardiment.
Ils veulent le saisir, sa défense est terrible ;
Aux coups dont on l’accable il paraît insensible.