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Dépêché des guerriers.
                          ― « Allez, avait-il dit,
Pendant que sur nos bords l’âpre hiver engourdit,
Comme des ours frileux, tous les Pâles-Visages.
Allez donner l’éveil aux nations sauvages.
Qu’elles viennent à nous avec flèche et carquois,
Nous prendrons l’étranger qui veut prendre nos bois. »

Et munis de leurs arcs, montés sur leurs raquettes,
Les traîtres envoyés aux tribus inquiètes
Allèrent annoncer, dans les cantons voisins
Du fier Donnacona les perfides desseins.

Cartier près de l’enceinte à pas lents se promène.
Il craint que le guerrier n’arrive et le surprenne.
Il a vu près de lui plusieurs des siens mourir,
Et lui-même, bientôt peut-être, il va périr,
Car le ciel, qu’il invoque avec persévérance,
Semble voir ses malheurs d’un oeil d’indifférence.

Pendant qu’il est en proie à la crainte, à l’ennui,
Un vieux chasseur sauvage arrive près de lui :

― « Grand Chef des Blancs, dit-il, non, tu n’es pas un traître ;
En ce moment heureux je dois le reconnaître.