Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/118

Cette page n’a pas encore été corrigée


Ainsi vont les corbeaux, au-dessus des rivages,
Ou des fléaux impurs promènent leurs ravages.

« Les voilà, disaient-ils, en les montrant du doigt,
Les voilà, ces héros, ces hommes au cœur droit,
Qui se vantaient, hier, de nous ravir ce monde,
Et de couvrir nos fronts d’une honte profonde !
Où donc est aujourd’hui le Dieu qui les défend ?
Honte au ciel ! gloire à nous ! L’enfer est triomphant ! »

Ils croyaient du Seigneur détruire ici l’empire,
Et l’air retentissait de leurs éclats de rire.
Et, pendant qu’ils riaient, dans le ciel profané,
Sur la cime du Cap, un ange, prosterné,
Versait des pleurs amers, en voilant de son aile
Les célestes reflets de sa face immortelle.

L’hiver s’adoucissait. La neige moins souvent
Tourbillonnait dans l’air aux caprices du vent ;
Un givre plus léger scintillait sur les branches.
S’il venait à pleuvoir, les gouttelettes blanches
Se changeaient, sur les bois, en un cristal vermeil,
Que faisaient resplendir les rayons du soleil.

Le grand Chef, animé de sentiments hostiles,
Avait, depuis longtemps, vers des tribus dociles