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Et nous nous vengerons... Dissimulons pourtant.
Laissons leur voir encore un visage content.
Lorsque l’hiver, partout, amoncelle ses neiges,
Nous pouvons aisément les prendre dans leurs pièges,
Ils n’en sortiront plus. Et, pour mieux les tenir,
Tous les guerriers voisins devront à nous s’unir. »

Le ciel est nébuleux ; déjà l’hiver arrive.
Les arbres, dépouillés de leur parure vive,
Agitent dans les airs des rameaux longs et nus.
Sur les ailes du vent des brouillards sont venus ;
Et le gazon flétri, les feuilles desséchées
Que des pâles forêts la bise a détachées,
Sous un voile d’argent se sont ensevelis.
Les nuages obscurs roulent de noirs replis.
Le rivage est bordé d’un long ruban de glace.
Nul imprudent oiseau ne vole dans l’espace.
Le tonnerre endormi ne se réveille plus,
Mais des bruits longs et sourds, des sifflements aigus
Dans l’air, dans les forêts se font alors entendre,
Et sur des bords déserts les flots viennent s’étendre.

Les grands arbres, tordus, craquent lugubrement.
Sur ces antiques bois passent en ce moment
Les tourbillons épais d’une neige mouvante.
Et tout ce qui respire est saisi d’épouvante,