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Il n’ose point voguer sur ces flots orageux
Que soulèvent toujours des vents impétueux ;
Il craint pour ses vaisseaux un terrible naufrage.
Aux rigueurs de l’hiver qui règne en cette plage
Ne sont pas endurcis ses braves matelots.
Déjà les Indiens n’osent, dans leurs canots,
Mépriser les dangers des ondes en furie.
Dans cette angoisse amère il s’agenouille et prie.

Près de Stadacona, dans un vallon charmant,
Une rivière au fleuve unit son flot dormant.
Au bateau fatigué sa profonde embouchure
Offre, contre l’orage, une retraite sûre.
Là, déjà sont entrés les deux plus grands vaisseaux.
Bientôt l’Émerillon vient sur les mêmes eaux,
Pour attendre, captif, la saison printanière.
Devant lui, sur le fleuve, une étrange barrière
S’est élevée un jour ; mais à Stadacona
Une brise fidèle enfin le ramena.

Le héros cependant n’est pas sans quelque crainte.
Les sauvages parfois agissent avec feinte,
Et n’offrent de leur cœur alors que la moitié ;
Ils vendent chèrement leur changeante amitié.