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« Naguère cependant, un des fils de la France,
L’humble et pieux Cartier, apporta l’espérance
À mon cœur abattu par les chagrins amers.
Sur de frêles vaisseaux il traversa les mers.
Il vint, bravant la mort, sans orgueil et sans crainte,
Aux confins du pays arborer la croix sainte.
Alors un vieux guerrier, inquiet et songeur,
Accoste, l’arc en main, l’illustre voyageur :
― « Tu veux nos bois, dit-il, notre antique héritage ?…
On pourrait perdre tout, jamais on ne partage.
Si tu me fais du mal, toujours je me souviens…
Va donc, Visage-Pâle, au pays d’où tu viens. »

« Vous savez, ô Seigneur ! l’excès de ma souffrance.
Du retour de Cartier je n’ai nulle assurance,
Et le suave espoir qu’on m’avait apporté,
Comme une ombre qu’efface une vive clarté,
S’est hélas ! tout à coup envolé de mon âme.
Ne laissez pas, Dieu bon, triompher cette trame.
Que les anges maudits, de votre nom jaloux,
Au fond de leur abîme ourdirent contre vous.

« Du flambeau de la foi, sur ces rives si belles,
Éclaire, ô Jéhova ! les pauvres infidèles…