Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/108

Cette page n’a pas encore été corrigée


Ils chantent tous ensemble, un joyeux chant de chasse,
En allant les conduire au milieu de la place,
Où le chef, que déjà l’âge a fait impotent,
Entouré de guerriers, tout ému, les attend.

Le sol est recouvert d’une nouvelle natte,
Et, pendant qu’on redit une agreste sonate,
Vient s’asseoir, radieux, le chef des guerriers blancs.
On immole un chevreuil, et ses membres sanglants
Rôtissent avec bruit sur le feu qui les dore ;
Et les fils du couchant et les fils de l’aurore,
Qu’unit avec mystère un décret du destin,
Partagent sous les bois un fraternel festin.

Cependant le vieux Chef, au milieu de la fête,
Prend le riche bandeau qui couronne sa tête,
Et le met, tout ému, sur le front de Cartier.
― Voici, dit-il, le Chef du pays tout entier.

Touché de l’action de ce noble sauvage,
Cartier lève vers Dieu son radieux visage :

― « Maître du ciel, dit-il, non, non, ce n’est pas moi
Qui dois assujettir ces tribus à ma loi ;