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Ou comme les grains d’or d’un collier égrené,
Sur un tertre qu’au loin l’érable a couronné.
À la cime d’un cap, à l’ombre des platanes,
Il voit des Indiens les nombreuses cabanes.

Ce vaisseau qui voguait sur le fleuve surpris,
Effleurant tour à tour deux rivages fleuris,
C’était l’Émerillon. Des chants, mélancoliques
Comme le bruit du soir dans les forêts antiques,
Du pont couvert de monde au ciel d’azur montaient.
C’étaient les matelots qui, chaque jour, chantaient
Leurs pénibles ennuis et leurs amours fidèles.
Quand le vent s’apaisait, repliant ses deux ailes,
Comme un énorme oiseau fatigué de voler,
Le bateau s’arrêtait. Et, pour le voir aller,
Quand le vent peu à peu gonflait les voiles blanches,
Les guerriers accouraient de leurs tentes de branches.

Cependant tout à coup le fleuve s’élargit...
Oh ! le lac ravissant ! Quand la bise mugit,
Qu’elle met en lambeaux son grand voile de brume,
On peut le voir brandir ses panaches d’écume ;
Si la brise s’endort, et si le ciel est pur,
C’est un miroir d’argent encadré dans l’azur.