Page:LeMay - Reflets d'antan, 1916.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée


Un vent s’est élevé qui souffle de l’aurore.
Aux rayons du couchant un nuage se dore.
Comme un flocon de laine il roule mollement,
Et sème de lambeaux l’azur du firmament.
L’oiseau, las des clartés, s’envole à son nid sombre,
Et sur le fleuve clair flottent des taches d’ombre.

On voit venir, là-bas, un élégant bateau
Qui rase, en se berçant, le pied d’un vert coteau.
Pour le conduire brille une étoile bénie.
Sa course sur les mers sera bientôt finie.
Les arbres, balancés comme par un doux vent,
Ont incliné vers lui leur feuillage mouvant.
Mille petits oiseaux à l’éclatant plumage,
Ont, pour le saluer repris leur gai ramage.
Émus, les Indiens, dans leurs frêles canots,
Pour le voir de plus près ont défié les flots.
Vogue, bateau sacré !
                         Tour à tour il approche
D’un large banc de sable et d’un écueil de roche,
Où les flots vont se tordre et rejaillir poudreux.
Il entend les échos des rivages ombreux,
Où chaque vert rameau se courbe ou se déploie,
Comme un bras arrondi qu’enveloppe la soie,