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PICOUNOC LE MAUDIT.

— C’est affreux ce que tu me dis là ; mais toi, tu vas bien épouser la fille et la sœur d’un maudit, pourquoi ne crains-tu pas pour toi-même le malheur que tu m’annonces ?

— Non, Aglaé ; c’est fini entre Emmélie et moi.

— Vraiment ?

— Elle va mourir la pauvre enfant, car le mal qui a tué sa mère l’emporte elle aussi. Avant six mois, peut-être, elle sera dans la tombe. Pauvre Emmélie !

Et une larme roula dans les yeux de l’ex-élève.

— Ce n’est donc pas à cause de la malédiction qui pèse sur elle que tu ne la prends pas pour femme ? reprit Aglaé, contente d’affaiblir l’argument de son ami.

— J’avoue que je l’aime tant… Et puis c’est une fille vertueuse que la malédiction de son père n’a pas voulu atteindre, tandis que son frère… Si tu l’avais connu comme moi alors qu’il était dans les chantiers !

— J’aime aussi moi, murmura la jeune fille. Et, comme honteuse de cet aveu, elle reprit :