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PICOUNOC LE MAUDIT.

Et le docteur regardait Noémie qui devenait rouge, et reprenait sa beauté flétrie.

— Je puis bien l’embrasser ? continua-t-il.

— Oui, mais vous allez le réveiller.

— Quand même ; il dormira tantôt, il n’a que cela à faire.

En disant cela, il se pencha sur l’enfant et lui donna un bon gros baiser. L’enfant s’éveilla en sursaut…

— Je vous le disais, docteur, fit Noémie. Et elle s’inclina, à son tour, sur le petit qu’elle embrassa bien fort. Le docteur ne s’était pas relevé encore. Tous deux se trouvèrent, un instant, fort rapprochés, au-dessus du berceau. D’un peu loin on eut pu croire que les baisers n’étaient point pour l’enfant. On se serait trompé. La distance est souvent une source d’erreurs.

Depuis une minute un homme regardait par la fenêtre, et la fureur bouleversait sa figure. Cet homme, c’était Djos. Il avait reconnu le cheval du docteur, et s’était glissé, sans bruit, jusqu’à la première vitre, pour voir ce qui se passait à l’intérieur.

— Il savait que j’étais au moulin, pensa-t-il…