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PICOUNOC LE MAUDIT.

decin, visiblement contrarié. Il faut que je lui prépare quelque chose et lui écrive une prescription. Ne l’attendez pas…

— Préparer des remèdes et coucher une longue prescription pour quelqu’un qui n’est pas malade, voilà qui est drôle, pensais-je… et je faillis m’éclater de rire… Le médecin ne s’aperçut pas de la bourde qu’il venait de dire.

— Es-tu descendue exprès pour chercher ces remèdes ? demandai-je à l’enfant.

— Oui, monsieur, répond-elle, d’une voix mal assurée.

— Pour qui donc, s’il n’y a pas de malade chez vous ?

— L’enfant baisse la tête, rougit et ne répond rien. Le médecin, furieux, m’apostrophe en ces termes :

— Monsieur, sachez que la médecine a ses secrets comme la confession…

— Pardon ! docteur, pardon ! je ne voulais pas être indiscret… Je sortis, et vins attendre la petite commissionnaire chez Robineau le forgeron. Quand elle fut dépassée, je donnai du fouet, la rejoignis et la fis asseoir à mes côtés…