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PICOUNOC LE MAUDIT.

naient ses désirs. La religion ne pouvait mettre de frein à ses passions, car il la méprisait, et se moquait de ses préceptes, non ouvertement — il était trop habile pour agir ainsi — mais dans le fond de son cœur. Il était à lui-même son Dieu, et se dressait des autels en son âme. Il venait de sacrifier à l’avarice ; maintenant il offrait ses hommages au dieu de la volupté. Il allait à la messe chaque dimanche, et entendait aussi les vêpres, comme les autres habitants, et nul n’aurait osé dire qu’il n’était pas rempli de bons sentiments et d’une vraie piété. Cependant il n’avait qu’un but : inspirer de la confiance aux hommes en les trompant.


IV

DEUX BAISERS.


Les derniers jours de l’automne viennent de finir. Les feuilles mortes qui tapissaient les bois et roulaient au souffle de la brise, le long des chemins pleins d’ornières, sont disparues sous la première couche de neige ; sur les