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PICOUNOC LE MAUDIT.

L’ex-élève, ignorant tout le trouble qu’il causait, avait retrouvé sa verve d’autrefois. De retour à la maison il aborda la jeune femme, et entama avec elle la conversation. Noémie jeta d’abord un coup d’œil craintif autour d’elle et ne vit pas son mari ; cela la rassura. Elle se mit à causer, mais avec une certaine gêne. L’ex-élève était en verve et, devant sa gaité, elle dut céder. Elle oublia la jalousie de son mari et goûta sans contrainte les charmes du babil de son compagnon. Malheureusement Djos l’épiait. Les jaloux ont cent yeux et voient partout, découvrant même des choses qui n’existent point. Il se mordit les lèvres, regarda sourire Noémie, mais la regarda d’un œil sanglant. La pauvre jeune femme ne songeait pas à mal, et demeurait bien sage assurément.

Un peu plus tard, dans une autre circonstance, elle se souvint de la susceptibilité de son mari, — car il n’était pas loin d’elle — répondit avec assez de froideur à l’ex-élève qui lui adressait la parole, et s’éloigna.

— L’hypocrite ! pensa Joseph Letellier… elle sait que j’ai les yeux sur elle.