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PICOUNOC LE MAUDIT.

l’on aime. Dites-lui qu’il vienne : nous serons tous heureux.

Votre amie,
Noémie.


Djos lut plusieurs fois… et plus il lut, moins il comprit : son regard était troublé comme son cœur. Il ne lui vint pas à l’idée qu’il était le jouet d’un misérable. L’absence d’Emmélie lui prouvait bien, d’un autre côté, qu’elle ne connaissait rien de ce complot, et qu’une femme coquette l’avait ourdi toute seule. Il fut d’une tristesse mortelle et ne pria point dans l’église, pendant la messe. Il prenait en aversion son ancien ami, et ne pouvait détourner ses yeux de sa personne. L’ex-élève, priait avec ferveur.

— C’est de l’hypocrisie, pensait Joseph. Il songe à tout autre chose qu’au bon Dieu…

Parfois il avait envié de pleurer, et d’aller, en suppliant, se jeter aux genoux de sa femme. Mais l’amour propre reprenait le dessus et la colère grondait soudain. Mon Dieu, se disait-il, est-ce donc que vous ne m’avez pas assez châtié ?… faut-il que vous m’atteigniez, dans ce que j’ai de plus cher au monde !…