Page:LeMay - Picounoc le maudit (2 tomes en 1 volume), 1878.djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
PICOUNOC LE MAUDIT.

— Arrête-donc, reprit l’ex-élève, j’ai quelque chose à te dire.

Se doutant bien qu’il allait lui parler de son bien-aimé, elle se retourna et un sourire éclaira ses yeux.

— Qu’est-ce donc ? dit-elle, dépêche-toi ; je veux me rendre à l’église avant qu’il fasse noir.

Il était cinq heures et demie du soir, alors, et elle avait une lieue à faire pour atteindre l’église, car elle se trouvait près du calvaire, à Lotbinière — C’est à Lotbinière que nous sommes toujours.

— Voudrais-tu épouser un homme qui ne t’aimerait pas sincèrement ? dit brusquement, l’ex-élève.

Aglaé parut surprise de cette question.

— Pourquoi me demandes-tu cela ? répondit-elle après un moment.

— Parceque je m’intéresse à toi.

— Est-ce que l’on peut se marier sans aimer profondément ?

— Je viens de rencontrer un garçon sur le point de prendre femme, et qui ne cache pas