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PICOUNOC LE MAUDIT.

C’étaient deux pauvres cavaliers éconduits depuis peu, braves garçons, du reste, qui n’avaient eu que le tort de ne pas se vanter assez, et de manquer de toupet ; mais c’est un tort impardonnable, je le sais, au temps où nous vivons. Aglaé voulut un homme qui eut de la façon et qui fut capable de riposter à propos. Allez donc présenter une emplâtre, sous forme de mari, à vos compagnes moqueuses. Aglaé prit donc pour fidèle et légitime époux Pierre Enoch Saint Pierre, surnommé Picounoc, et elle se crut heureuse ; donc elle l’était. Ses parents ne l’en dissuadèrent point. D’abord son père était mort, ses frères et sœurs n’étaient jamais venus au monde, et sa mère n’avait d’autre volonté que la volonté de son unique Aglaé. Le seul ami qui osa risquer un conseil, fut l’ex-élève. Il réussit à empêcher le sourire de s’étendre une fois de plus sur la figure béate de la fiancée, et ce fut tout. Le moment d’angoisse passa vite, et l’amour reprit en tyran sa place dans le cœur de la jeune fille.

Picounoc ne fit pas de noces. Mais comme il lui fallait quelques témoins, il invita ses principaux amis, Djos et l’ex-élève.