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PICOUNOC LE MAUDIT.

solitude… et je serai le plus heureux des hommes !… Mais elle !… Ô mon Dieu ! elle ne m’aime donc pas autant que cela, puisqu’elle se plaît en la présence des autres hommes ? puisqu’elle leur sourit avec tant de grâce et les regarde d’un œil si plein de douceur !… Non, elle ne m’aime point comme je l’aime… Je ne suis pas jaloux, mais je vois bien ce qui se passe… et les femmes ont parfois de si singuliers caprices… On en voit de bien sages qui oublient leurs devoirs… L’occasion, le dépit, la vanité, l’amour des parures… Et pour éviter de paraître jaloux, vais-je fermer les yeux et devenir peut-être la risée de mes amis ? Si quelque jour l’on apprenait que je suis un mari joué et content ?… Comme je passerais pour bête !… Par exemple ! moi en arriver-là ? Jamais ! Ah ! j’en briserai bien des intrigues, j’en ferai bien manquer des rendez-vous ! j’en fustigerai des chercheurs de bonnes fortunes et des femmes complaisantes, avant de souffrir une pareille honte !… Qu’on y prenne garde !…

Telles étaient les pensées folles qui assaillaient sans cesse le malheureux Joseph. Tout