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PICOUNOC LE MAUDIT.

qui n’avait d’autre souci que de ne pas perdre une mesure.

L’ex-élève remarqua Picounoc, car il savait quelle passion ce malheureux nourrissait dans son âme. Pour le distraire de son idée, et sauver de son œil de convoitise la femme chaste qu’il obsédait, il alla le saluer et prendre place. La gigue devenait gigue voleuse. Picounoc n’osa pas refuser, mais il lança un regard de colère à son ami. Joseph le vint trouver :

— Que tu danses bien ! lui dit-il…

— Ce n’est pas malaisé, répondit le grand gars, il suffit de s’y mettre. Je ne suis pas fatigué et je danserais bien toute la nuit… mais l’ex-élève n’aime pas à me voir avec ta femme, paraît-il… On dirait qu’il est jaloux… Défie-toi de ce gaillard-là… Avec son latin il peut enjôler le diable.

— Bah ! ma femme est un ange.

— Sans doute,… mais il y a des anges qui ont tombé déjà, paraît-il.

— Si je m’apercevais de la moindre chose !…

— Veille… fais attention, c’est ton affaire.