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PICOUNOC LE MAUDIT.

nous autres des choses de la religion, et qui devrait être meilleur aussi, il se moque de notre docilité à suivre les conseils de la robe noire, et se plaît à faire le mal.

— C’est un blanc ! un compatriote ! un chrétien ! s’écria la religieuse, ô mon Dieu ! quel aveuglement et quelle perversité !

Iréma raconta ensuite qu’elle avait promis d’épouser cet homme méprisable, s’il rendait la liberté à son prisonnier.

— Et la lui a-t-il donnée ? demanda la sœur.

— Oui, répondit Iréma.

— Et où est-il maintenant, le grand-trappeur ?

— Je n’en sais rien.

— Il l’a peut-être fait assassiner ?

Iréma sentit un frisson lui courir dans tous les membres. Elle resta silencieuse pendant une minute, puis elle dit tout émue : S’il l’avait tué, est-ce que je serais libre ?

— Oui, certainement, répondit la sœur.

Iréma vit comme un éclair de joie traverser son esprit. L’idée de la liberté, la pensée d’échapper au vieux chef, lui fit oublier un instant ce qu’elle devait au grand-trappeur.