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PICOUNOC LE MAUDIT.

à enlever la pierre qui obstruait l’ouverture de la grotte, il s’élança vers l’entrée, mais son pied chancelant se heurta à un stalagmite, et il tomba sur le sol durci. Son front toucha une angle du roc et se déchira. Il s’évanouit.

Les chasseurs parlaient entre eux, ils n’entendirent rien. Après qu’ils eurent accompli leur acte de gratitude et de piété, ils remirent leur canot à l’eau et voguèrent bientôt dans la rivière des Esclaves.

Quand le grand chasseur revint à lui, il poussa une clameur profonde ; c’était le dernier cri d’une âme qui s’abime. Le silence répondit à cette clameur sinistre. Le malheureux trappeur eut un mouvement de désespoir, et, d’une main défaillante, il prit sa carabine : Dieu me pardonnera ! il est bon, pensa-t-il. Mais aussitôt, se traînant au pied de la croix : Non ! dit-il, je mourrai ici, comme Dieu le voudra et à l’heure qu’il a marquée.

Les Litchanrés s’aperçurent que les guides de la robe noire ne marchaient plus avec eux. Ils en furent étonnés, car ils ne pouvaient deviner quelle raison ces hommes pouvaient avoir de fuir la tribu. Cependant les deux