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PICOUNOC LE MAUDIT.

traversé les ténèbres. Il s’avança vers l’ouverture, debout, puis en rampant. Son étonnement augmentait à mesure qu’il approchait : Suis-je donc aveugle, pensait-il ? Il n’était pas aveugle, mais une pierre énorme fermait l’entrée de la grotte.

Les indiens Ours grognard et Renard d’argent avaient, depuis quelques jours, dissimulé leur ressentiment, mais non pas renoncé à leur idée de vengeance. L’indien ne raisonne guère d’ordinaire, et se laisse volontiers tromper par les apparences. Peu inclin à la charité chrétienne, il aime mieux punir un innocent que de laisser échapper un coupable. Ils avaient donc épié le grand-trappeur, et s’étaient rendus dans l’île peu de temps après lui. Traversant le rocher à pied, au lieu de le détourner en canot, ils étaient arrivés assez tôt pour voir le chasseur blanc s’introduire dans la grotte. Alors ils roulèrent, en le soulevant avec un levier, le caillou qui formait une porte inébranlable. Après avoir accompli cet acte cruel, ils se dirigèrent vers la rivière de la paix, car ils n’osèrent plus retourner au fort et paraître devant la robe noire.

Les Litchanrés, privés de leur jeune et vail-