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PICOUNOC LE MAUDIT.
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pour se nourrir, rejoindre sa tribu. Les chasseurs canadiens étaient pressés d’atteindre les Couteaux-jaunes. Ils arrivèrent assez tôt pour sauver le grand-trappeur d’une mort certaine, mais, à leur insu, car ils ne le virent point. Ils voulaient seulement appliquer la vieille loi du talion : œil pour œil, dent pour dent. Ils savaient que les Couteaux-jaunes étaient des assassins, ils savaient que le grand-trappeur ne devait pas sortir vif de leurs mains sanglantes, et ils étaient d’humeur à venger sur tous la mort d’un seul. Pour eux, tous les Couteaux-jaunes ne valaient pas un grand-trappeur. Ils poursuivirent les fuyards et arrivèrent sur les bords du lac Noir. La tribu venait de ployer ses tentes. Au loin, sur le lac, des canots s’en allaient vers le nord, et les avirons fouettaient l’onde avec rapidité.

— Les lâches ! ils se sauvent ! s’écria l’ex-élève, n’importe, nous les rejoindrons.

Le grand-trappeur n’avait pas vu ses amis. Il crut que les Couteaux-jaunes l’enveloppaient dans un cercle qui allait se rétrécissant toujours, et, pour ne pas perdre toute chance, il se précipita au hasard, courant de toutes ses