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PICOUNOC LE MAUDIT.

prenait des airs câlins, multipliait les sourires agaçants et les regards de feu, tout cela en pure perte, Marguerite était toute ailleurs. Sa pensée voyait d’autres regards et d’autres sourires plus doux, une figure plus jeune, plus belle et plus noble.

— Vous ne m’aimez donc pas un peu, Marguerite ? risqua enfin le bossu à bout de patience.

— Pas du tout, Monsieur.

— C’est franc, mais c’est dur.

— Et c’est vrai, ajouta la jeune fille.

— Vous m’aimerez plus tard, quand vous serez ma femme.

— Quand je serai votre femme ?

— Oui. Il le faut, vous le savez.

— Je ne suis pas encore convaincue…

— Cependant vous avez vu votre père à vos genoux…

Marguerite, brusquement émue par cette parole, resta silencieuse.

— Je vous l’avais dit, ajouta le bossu. Je sais ce que fais, et j’obtiens toujours ce que je veux.