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PICOUNOC LE MAUDIT.

Victor expiait les paroles imprudentes qu’il avait dites tout à l’heure. À son tour il souffrait, et le souvenir que l’on évoquait lui était bien amer.

— J’ai pardonné, reprit Picounoc hypocritement ; j’ai fait le bien pour le mal, Dieu le sait, cela me suffit. Ne parlons plus de cet homme, ni de ces choses.

— Parlez-en à votre aise, Messieurs, je m’en vais, dit froidement le jeune avocat.

Et il sortit. Marguerite le reconduisit jusque sur le seuil de la porte.

— Marguerite, dit-il, je n’aime pas ce bossu, une voix intérieure m’avertit de me défier de lui.

— Il passe cependant pour un honnête homme ; sauf qu’il aime trop l’argent, paraît-il.

— Les hommes qui aiment trop l’argent sont bien dangereux.

— Comment cela ?

Parce que, pour avoir cet argent qu’ils convoitent, ils se font les instruments de toutes les passions, les complices de tous les crimes.

— Il a fait du bien à ta mère.