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PICOUNOC LE MAUDIT.

sieurs années, en effet, la maison de la veuve Letellier s’en allait en ruine. Un contrevent était tombé, et le gond de fer rouillé qui le soutenait depuis vingt ans n’avait pas été remplacé par un gond neuf ; le pignon dépeinturé laissait voir, comme une tache honteuse, sa petite fenêtre brisée, les chapeaux de paille remplaçaient les vitres ; le perron devenu poussière sous la pluie et les pieds, se voyait remplacé par une bûche de merisier mal écarrie. Les bardeaux de la couverture se garnissaient d’une mousse verdâtre. Le lambris du carré, blanchi à la chaux autrefois, avait pris une teinte grise et sombre sous l’action de la pluie. La grange ne se portait pas mieux, et, sans de forts étais qui la soutenaient encore, le vent de nord-est qui souffle fort en cet endroit, l’eût couchée sur son vieux châssis en pourriture. La misère s’échappait par tous les ais, par toutes les pièces, et cependant le jeune avocat ne venait que de l’apercevoir. Il en ressentit une profonde commotion. Tout son passé de joie et de lumière se perdit dans une ombre épaisse ! il regretta d’avoir été heureux pendant que sa mère souffrait.