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PICOUNOC LE MAUDIT.

et il nous a toujours été dévoué, qu’il fasse donc selon ses désirs ! s’écria l’un des indiens.

— Eh bien ! mes enfants, reprit le chef, d’une façon câline, et parlant bas pour n’être pas entendu des autres, consolez-vous, tout ne sera pas perdu, le grand chef ne nous échappera pas. Il sera mis en liberté, mais vous allez l’attendre sous les bois. Que dix d’entre vous s’élancent dans la forêt, du côté du soleil, je vais le renvoyer par là.

Aussitôt dix des plus agiles disparurent sans bruit.

Le grand-trappeur avait bien vu qu’il se tramait quelque nouveau complot ; mais il n’avait rien entendu, et toujours il supposait que l’on s’évertuait à trouver un genre de mort digne du mal qu’il avait causé. Quelques heures s’écoulèrent avant que le Hibou blanc s’approchât de lui ; heures d’angoisses et d’agonie que celui qui va mourir peut seul comprendre.

— Frère, dit le Hibou blanc.

— Moi, ton frère ! vil renégat, jamais !

Le vieux chef eut un mouvement de colère, mais la pensée d’Iréma lui rendit le calme.