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PICOUNOC LE MAUDIT.

— Vous ne vieillissez pas, mère Labourique, Vous êtes fraîche comme à cinquante ans.

— Ah ! pardon, Monsieur, je ne vaux pas grand’chose maintenant, je m’aperçois bien que je m’en vais… mes jambes sont paralysées et je passe ma vie dans ce fauteuil, c’est bien ennuyeux, allez ! et j’ai hâte d’aller dans un monde meilleur…

— Vous l’avez bien mérité la mère.

— J’ai fait mon possible…

Le bossu avait envie de rire. Il demanda à la femme qui était au comptoir, si elle était bien Louise, et but un verre de gin pour se donner du ton. Louise répondit qu’elle était bien elle-même, mais que les chagrins de toutes sortes la rendaient méconnaissable.

— Je ne me rappelle pas de vous, Monsieur, ajouta-t-elle, est-ce que vous êtes venu ici, déjà ?

— Quelquefois, mais vous pouvez bien m’avoir oublié, il y a bien longtemps. J’étais tout jeune alors. C’est au bon temps de Robert, de Charlot, du docteur au sirop de la vie éternelle.

— Et du vieux chef ? ajouta Louise, je me