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PICOUNOC LE MAUDIT.

— C’est bien assez que Monsieur nous ait donné le souper, continua le gros, n’abusons point de sa bonté.

— Ce n’est pas cela, reprit le bossu, plus gaiement, mais, il faut que je sorte ce soir, et il ne serait pas convenable de laisser avec ma fille deux jeunesses comme vous.

Les étrangers ne parurent pas offensés de cette plaisanterie ; ils partirent, après avoir payé leur souper par de nombreux remerciements, et le bossu, ayant attelé son cheval, se rendit à la concession St. Eustache, chez son ami Picounoc.

Lorsque Marguerite le vit arriver elle sortit, car elle ne voulait pas le rencontrer. Il prit à peine le temps d’attacher son cheval à la porte, et, au lieu d’entrer dans la maison, il donna après elle. Elle arrivait chez la veuve Letellier et marchait vite, espérant de pouvoir entrer avant d’être rejointe.

— Vous allez bien vite, Marguerite, on dirait que la peur vous donne des ailes, dit le bossu essoufflé, dès qu’il fut assez près de la jeune fille pour lui parler.