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PICOUNOC LE MAUDIT.

Picounoc se rendit à sa maison. Il trouva Marguerite et Victor assis dans la fenêtre ouverte, et causant fleurs et soleil. Il serra la main à son protégé et le félicita de ses succès. Victor laissa parler son cœur et fut éloquent. Il croyait devoir beaucoup à cet homme, et il était à l’âge où nulle passion ne fait taire la voix de la reconnaissance. Picounoc recueillait avec avidité les bonnes paroles du jeune homme et devinait qu’il avait un auxiliaire nouveau.

Le soleil rayonnait dans les champs ; les oiseaux gazouillaient de toutes parts ; les fleurs avaient des arômes, et les arbres, de doux ombrages. Les deux jeunes gens regardaient les prairies, aspiraient les tièdes haleines et paraissaient n’avoir qu’une pensée : aller se mêler aux plantes qui fleurissent, aux oiseaux qui gazouillent. Ils se comprirent, et, souriant, se dirigèrent vers le jardin. Les prunes commençaient à mûrir et les gadelliers s’émaillaient de grappes brillantes. Le long des allées, sur les plates-bandes, des marguerites de toutes couleurs offraient aux curieux leurs feuilles devineresses, l’immortelle élevait son front que nul souffle ne saurait flétrir, la