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PICOUNOC LE MAUDIT.

dans les mains. Quand ils passaient près de Baptiste, ils lui faisaient, du poing, toutes sortes de menaces, et souvent même le frappaient dans la figure. Baptiste, soumis à son funeste sort, endurait tout avec une orgueilleuse patience. De temps en temps il faisait un effort pour rompre les liens d’écorce qui enchaînaient ses mains, et il faisait un pas en arrière, s’approchant de la flamme du foyer qu’on attisait toujours.

Vent qui souffle, trouvant que son camarade ne revenait pas vite, l’appela par deux fois : Nid d’écureuil ! Nid d’écureuil ! Personne ne répondit, et pour cause. Alors, maugréant, il s’approcha à son tour de la redoutable cachette du grand-trappeur.

— Pourquoi ta parole ne répond-elle pas à la mienne, Nid d’écureuil ? dit-il, en s’avançant : Les frères s’amusent-ils bien en bas ?…

— Vas-y voir ! dit le trappeur qui l’empoigna à son tour et, d’un élan terrible, le poussa dans l’abîme. Le sauvage ouvrit les bras comme des ailes, tourbillonna deux ou trois fois et tomba la tête sur un cailloux.

Il y eut un moment de terreur parmi les sauvages et la danse cessa.